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troublée; les menaces et les outrages m'avaient trouvé impassible; mais l'armée autrichienne a passé l'Inn,
Munich est envahie, l'électeur de Bavière est chassé de sa capitale; toutes mes espérances se sont évanouies.
«C'est-dans cet instant que s'est dévoilée la méchanceté des ennemis du continent; Ils craignaient encore la
manifestation de mon violent amour pour la paix; ils craignaient que l'Autriche, à l'aspect du gouffre qu'ils
avaient creusé sous ses pas, ne revînt à des sentimens de justice et de modération; ils l'ont précipitée dans la
guerre. Je gémis du sang qu'il va en coûter à l'Europe; mais le nom français en obtiendra un nouveau lustre.
«Sénateurs, quand à votre aveu, à la voix du peuple français tout entier, j'ai placé sur ma tête la couronne
impériale, j'ai reçu de vous, de tous les-citoyens, l'engagement de la maintenir pure et sans tache. Mon peuple
m'a donné dans toutes les circonstances des preuves de sa confiance et de son amour. Il volera sous les
drapeaux de son empereur et de son armée, qui dans peu de jours auront dépassé les frontières.
«Magistrats, soldats, citoyens, tous veulent maintenir la patrie hors de l'influence de l'Angleterre, qui, si elle
prévalait, ne nous accorderait qu'une paix environnée d'ignominie et de honte, et dont les principales
conditions seraient l'incendie de nos flottes, le comblement de nos ports, et l'anéantissement de notre industrie.
«Toutes les promesses que j'ai faites au peuple français, je les ai tenues. Le peuple français, à son tour, n'a pris
aucun engagement avec moi qu'il n'ait surpassé. Dans cette circonstance si importante pour sa gloire et la
mienne, il continuera de mériter ce nom de grand peuple, dont je le saluai au milieu des champs de bataille.
«Français, votre empereur fera son devoir, mes soldats feront le leur; vous ferez le vôtre.»
NAPOLÉON.
[Footnote 81: Au moment de son départ pour l'armée, occasionné par l'invasion de la Bavière par l'empereur
d'Autriche.]
Paris, le 1er vendémiaire an 14 (23 septembre 1805). 236
Oeuvres de Napoleon Bonaparte, TOME III
An quartier-général de Strasbourg, le 7 vendémiaire an 14 (29 septembre
1805).
Proclamation de l'empereur à l'armée.
Soldats!
La guerre de la troisième coalition est commencée. L'armée autrichienne a passé l'Inn, violé les traités, attaqué
et chassé de sa capitale notre allié... Vous-mêmes vous avez dû accourir à marches forcées à la défense de nos
frontières; mais déjà vous avez passé le Rhin: nous ne nous arrêterons plus que nous n'ayons assuré
l'indépendance du corps germanique, secouru nos alliés et confondu l'orgueil des injustes aggresseurs. Nous
ne ferons plus de paix sans garantie: notre générosité ne trompera plus notre politique.
Soldats, votre empereur est au milieu de vous. Vous n'êtes que l'avant-garde du grand peuple; s'il est
nécessaire, il se lèvera tout entier à ma voix pour confondre et dissoudre cette nouvelle ligue qu'ont tissue la
haine et l'or de l'Angleterre.
Mais, soldats, nous aurons des marches forcées à faire, des fatigues et des privations de toute espèce à
endurer; quelques obstacles qu'on nous oppose, nous les vaincrons; et nous ne prendrons de repos que nous
n'ayons planté nos aigles sur le territoire de nos ennemis.
NAPOLÉON.
14 vendémiaire an 14 (6 octobre 1805).
Premier bulletin de la grande armée.
L'empereur est parti de Paris le 2 vendémiaire, et est arrivé le 4 à Strasbourg.
Le maréchal Bernadette, qui, au moment où l'armée était partie de Boulogne, s'était porté de Hanovre sur
Gottingue, s'est mis en marche par Francfort, pour se rendre à Wurtzbourg, où il est arrivé le 1er vendémiaire.
Le général Marmont, qui était arrivé à Mayence, a passé le Rhin sur le pont de Cassel, et s'est dirigé sur
Wurtzbourg, où il a fait sa jonction avec l'armée bavaroise et le corps du maréchal Bernadotte.
Le corps du maréchal Davoust a passé le Rhin le 4 à Manheim, et s'est porté, par Hildeberg et Necker-Eltz,
sur le Necker.
Le corps du maréchal Soult a passé le Rhin le même jour sur le pont qui a été jeté à Spire, et s'est porté sur
Heilbronn.
Le corps du maréchal Ney a passé le Rhin le même jour sur le pont qui a été jeté vis à vis de Durlach, et s'est
porté à Stuttgard.
Le corps du maréchal Lannes a passé le Rhin à Kehl le 3, et s'est rendu à Louisbourg.
Le prince Murat, avec la réserve de cavalerie, a passé le Rhin à Kehl le 3, et est resté en position plusieurs
jours devant les débouchés de la forêt Noire; ses patrouilles, qui se montraient fréquemment aux patrouilles
ennemies, leur ont fait croire que nous voulions pénétrer par ses débouchés.
An quartier-général de Strasbourg, le 7 vendémiaire an 14 (29 septembre 1805). 237
Oeuvres de Napoleon Bonaparte, TOME III
Le grand parc de l'armée a passé le Rhin à Kehl, le 8, et s'est rendu à Heilbronn.
L'empereur a passé le Rhin à Kehl, le 9, a couché à Ettlingen le même jour, y a reçu l'électeur et les princes de
Bade, et s'est rendu à Louisbourg chez l'électeur de Wurtemberg, dans le palais duquel il a logé.
Le 10, le corps du général Bernadotte et du général Marmont et les Bavarois qui étaient à Wurtzbourg, se sont
réunis et se sont mis en marche pour se rendre sur le Danube.
Le corps du maréchal Davoust s'est mis en marche de Necker-Eltz et a suivi la route de Meckmühl,
Ingelsingen, Chreilsheim, Dunkelsbülh, Frembdingen, Aettingen, Haarburg et Donatwerth.
Le corps du maréchal Soult s'est mis en marche d'Heilbronn et a suivi la route d'Esslingen, Goppingen,
Weissenstein, Heydenheim, Nattheim et Nordlingen.
Le corps du maréchal Lannes s'est mis en marche de Louisbourg, et a suivi la route de Grossbentelspach à
Pludershausen, Gmünd, Aalen et Nordlingen.
Voici la position de l'armée au 14:
Le corps du maréchal Bernadotte et les Bavarois étaient à Weissenbourg.
Le corps du maréchal Davoust à Aettingen, à cheval sur la Reinitz.
Le corps du maréchal Soult à Donawerth, mettre du pont de Munster, et faisant rétablir celui de Donawerth.
Le corps du maréchal Ney a Koessingen.
Le corps du maréchal Lannes à Neresheim.
Le prince Murat, avec ses dragons, bordant le Danube.
L'armée est pleine de santé, et brûlant d'en venir aux mains.
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