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indique dans ce vers du clbre Urensius, religieux du mont Caucase:
Rivos despiciens, maris undam polat amaram.
Comment ne me suis-je pas rappel ce vers dans cette maudite ruine de Vygla! un peu plus de mmoire
m'aurait pargn de bien folles alarmes. Il est vrai qu'il est difficile, n'est-ce pas, seigneur, d'avoir ses ides
nettes dans un pareil repaire, assis la table d'un bourreau! d'un bourreau! d'un tre vou au mpris et
l'excration universelle, qui ne diffre de l'assassin que par la frquence et l'impunit de ses meurtres, dont le
coeur, toute l'atrocit des plus affreux brigands, runit la lchet que du moins leurs crimes aventureux ne
leur permettent pas! d'un tre qui offre manger et verse boire de la mme main qui fait jouer des
instruments de torture et crier les os des misrables entre les ais rapprochs d'un chevalet! Respirer le mme
air qu'un bourreau! Et le plus vil mendiant, si ce contact impur l'a souill, abandonne avec horreur les derniers
haillons qui protgeaient contre l'hiver ses maladies et ses nudits! Et le chancelier, aprs avoir scell ses
lettres d'office, les jette sous la table des sceaux, en signe de dgot et de maldiction! Et en France, quand le
bourreau est mort son tour, les sergents de la prvt aiment mieux payer une amende de quarante livres que
de lui succder! Et Pesth, le condamn Chorchill, auquel on offrait sa grce avec des lettres d'excuteur,
prfra le rle de patient au mtier de bourreau! N'est-il pas encore notoire, noble jeune seigneur, que
Turmeryn, vque de Mastricht, fit purifier une glise o tait entr le bourreau, et que la czarine Petrowna
se lavait le visage chaque fois qu'elle revenait d'une excution? Vous savez galement que les rois de France,
pour honorer les gens de guerre, veulent qu'ils soient punis par leurs camarades, afin que ces nobles hommes,
mme lorsqu'ils sont criminels, ne deviennent pas infmes par l'attouchement d'un bourreau. Et enfin, ce qui
est dcisif, dans la Descente de saint Georges aux enfers, par le savant Melasius Iturham, Caron ne
donne-t-il pas au brigand Robin Hood le pas sur le bourreau Phlipcrass? Vraiment, matre, si jamais je
deviens puissant ce que Dieu seul peut savoir je supprime les bourreaux et je rtablis l'ancienne coutume
et les vieux tarifs. Pour le meurtre d'un prince, on paiera, comme en 1150, quatorze cent quarante doubles
cus royaux; pour le meurtre d'un comte, quatorze cent quarante cus simples; pour celui d'un baron, quatorze
cent quarante bas cus; le meurtre d'un simple noble sera tax quatorze cent quarante ascalins; et celui d'un
bourgeois....
 N'entends-je pas le pas d'un cheval qui vient nous? interrompit Ordener.
XIV 82
Han d'Islande
Ils tournrent la tte, et, comme le jour avait paru pendant le long soliloque scientifique de Spiagudry, ils
purent distinguer en effet, cent pas en arrire, un homme vtu de noir, agitant un bras vers eux, et pressant
de l'autre un de ces petits chevaux d'un blanc sale que l'on rencontre souvent, dompts ou sauvages, dans les
montagnes basses de la Norvge.
 De grce, matre, dit le peureux concierge, pressons le pas, cet homme noir m'a tout l'air d'un archer.
 Comment, vieillard, nous sommes deux, et nous fuirions devant un seul homme!
 Hlas! vingt perviers fuient devant un hibou. Quelle gloire y a-t-il attendre un officier de justice?
 Et qui vous dit que c'en est un? reprit Ordener, dont les yeux n'taient pas troubls par la peur.
Rassurez-vous, mon brave guide; je reconnais ce voyageur. Arrtons-nous.
Il fallut cder. Un moment aprs, le cavalier les aborda; et Spiagudry cessa de trembler en reconnaissant la
figure grave et sereine de l'aumnier Athanase Munder.
Celui-ci les salua en souriant, et arrta sa monture, en disant d'une voix que son essoufflement entrecoupait:
 Mes chers enfants, c'est pour vous que je reviens sur mes pas; et le Seigneur ne permettra sans doute pas
que mon absence, prolonge dans une intention de charit, soit prjudiciable ceux auxquels ma prsence est
utile.
 Seigneur ministre, rpondit Ordener, nous serions heureux de pouvoir vous servir en quelque chose.
 C'est moi, au contraire, noble jeune homme, qui veux vous servir. Daigneriez-vous me dire quel est le but
de votre voyage?
 Rvrend aumnier, je ne puis.
 Je dsire qu'en effet, mon fils, il y ait de votre part impuissance et non dfiance. Car alors malheur moi!
malheur celui dont l'homme de bien se dfie, mme quand il ne l'a vu qu'une fois!
L'humilit et l'onction du prtre touchrent vivement Ordener.
 Tout ce que je puis vous dire, mon pre, c'est que nous visitons les montagnes du nord.
 C'est ce que je pensais, mon fils, et voil pourquoi je viens vous. Il y a dans ces montagnes des bandes de
mineurs et de chasseurs, souvent redoutables aux voyageurs.
 Eh bien?
 Eh bien, je sais qu'il ne faut pas essayer de dtourner de sa route un noble jeune homme qui va chercher
un danger, mais l'estime que j'ai conue pour vous m'a inspir un autre moyen de vous tre utile. Le
malheureux faux monnayeur auquel j'ai port hier les dernires consolations de mon Dieu avait t mineur.
Au moment de la mort, il m'a donn ce parchemin sur lequel son nom est crit, disant que cette passe me
prserverait de tout danger, si jamais je voyageais dans ces montagnes. Hlas! quoi cela pourrait-il servir
un pauvre prtre qui vivra et mourra avec des prisonniers, et qui d'ailleurs, inter castra latronum, ne doit
chercher de dfense que dans la patience et la prire, seules armes de Dieu! Si je n'ai pas refus cette passe,
c'est qu'il ne faut point affliger par un refus le coeur de celui qui, dans peu d'instants, n'aura plus rien
recevoir et donner sur la terre. Le bon Dieu daignait m'inspirer, car aujourd'hui je puis vous apporter ce
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Han d'Islande
parchemin, afin qu'il vous accompagne dans les hasards de votre route, et que le don du mourant soit un
bienfait pour le voyageur.
Ordener reut avec attendrissement le prsent du vieux prtre.
 Seigneur aumnier, dit-il, Dieu veuille que votre dsir soit exauc! Merci. Pourtant, ajouta-t-il, mettant la
main sur son sabre, je portais dj mon droit de passe mon ct.
 Jeune homme, dit le prtre, peut-tre ce frle parchemin vous protgera-t-il mieux que votre pe de fer.
Le regard d'un pnitent est plus puissant que le glaive mme de l'archange. Adieu. Mes prisonniers
m'attendent. Veuillez prier quelquefois pour eux et pour moi.
 Saint prtre, reprit Ordener en souriant, je vous ai dit que vos condamns auraient leur grce; ils l'auront.
 Oh! ne parlez pas avec cette assurance, mon fils. Ne tentez pas le Seigneur. Un homme ne sait pas ce qui se
passe dans le coeur d'un autre homme, et vous ignorez encore ce que dcidera le fils du vice-roi. Peut-tre,
hlas! ne daignera-t-il jamais admettre devant lui un humble aumnier. Adieu, mon fils; que votre voyage
soit bni, et que parfois il sorte de votre belle me un souvenir pour le pauvre prtre et une prire pour les
pauvres prisonniers.
XV
Sois le bienvenu, Hugo; dis-moi, toi... as-tu
jamais vu un orage aussi terrible?
MATURIN, Bertram.
Dans une salle attenante aux appartements du gouverneur de Drontheim, trois des secrtaires de son
excellence venaient de s'asseoir devant une table noire, charge de parchemins, de papier, de cachets et
d'critoires, et prs de laquelle un quatrime tabouret rest vide annonait qu'un des scribes tait en retard. Ils
taient dj depuis quelque temps mditant et crivant chacun de leur ct, quand l'un d'eux s'cria:
 Savez-vous, Wapherney, que ce pauvre bibliothcaire Foxtipp va, dit-on, tre renvoy par l'vque, grce
la lettre de recommandation dont vous avez appuy la requte du docteur Anglyvius? [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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